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Page:Bertrand - D’Alembert, 1889.djvu/155

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violable ; je le respecte autant que sa personne, et mes amis ignoreront toujours le sacrifice que je leur fais. J’ai l’honneur d’être, etc. »

L’estime de Frédéric redoubla. Ne pouvant réussir à attirer d’Alembert et n’y renonçant pas pour l’avenir, il lui fit offrir, par son ambassadeur, une pension de 1 200 livres. « Louis XV, dit Mme du Hausset, n’aimait pas le roi de Prusse,… les railleries de Frédéric l’avaient ulcéré… Il entra un jour chez Mme (de Pompadour) avec un papier à la main et lui dit : « Le roi de Prusse est certainement un grand homme ; il aime les gens à talents et, comme Louis XIV, il veut faire retentir l’Europe de ses bienfaits envers les savants des pays étrangers. Voici, ajouta-t-il, une lettre de lui adressée à milord Maréchal pour lui ordonner de faire part à un homme supérieur de mon royaume d’une pension qu’il lui accorde. » Et, jetant les yeux sur la lettre, il lut ces mots : « Vous saurez qu’il y a un homme à Paris du plus grand mérite qui ne jouit pas des avantages d’une fortune proportionnée à ses talents et à son caractère. Je pourrais servir d’yeux à l’aveugle déesse et réparer au moins quelques-uns de ses torts ; je vous prie d’offrir par cette considération…

« Je me flatte qu’il acceptera cette pension en faveur du plaisir que j’aurai d’avoir obligé un homme qui joint la beauté du caractère aux talents les plus sublimes de l’esprit. »

« Le roi s’arrêta : en ce moment arrivèrent MM. de