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Page:Bertrand - D’Alembert, 1889.djvu/171

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consolation et mon bonheur. Il n’y a, monsieur, ni honneurs, ni richesses qui puissent tenir lieu d’un bien si précieux.

« Un autre motif, non moins respectable pour moi, ne me permet pas, monsieur, d’accepter les offres si flatteuses de la cour de Russie. Il y a plus de dix ans que le roi de Prusse me fit faire les propositions les plus avantageuses ; il les a réitérées sans succès à plusieurs reprises, et mon silence ne l’a pas empêché de mettre le comble à ses bontés pour moi, par une pension dont je jouis depuis huit ans, et que la guerre n’a point suspendue. Il a été mon premier bienfaiteur ; il a été longtemps le seul ; je jouis de ses bienfaits sans avoir la consolation de lui être utile et je me croirais indigne de l’opinion favorable que les étrangers veulent bien avoir de moi, si j’étais capable de faire pour quelque prince que ce fût ce que je n’ai pas eu le courage de faire pour lui. »


Catherine répondit elle-même :


« Monsieur d’Alembert, je viens de lire la réponse que vous avez écrite au sieur d’Odar, par laquelle vous refusez de vous transplanter pour contribuer à l’éducation de mon fils. Philosophe comme vous êtes, je comprends qu’il ne vous coûte rien de mépriser ce qu’on appelle grandeurs et honneurs dans ce monde ; à vos yeux tout cela est peu de chose, et aisément je me range de votre avis. À envisager les choses sur ce pied, je regarderais comme très petite la conduite de la reine Christine qu’on a tant loué (sic) et sou-