et tuniques à boutons
jaunes, postés
à l’entrée des wagons
Pullman, répétèrent
pour la dernière
fois, de leur
voix de basse profonde :
Sleeping for New-York ! Puis le
chef du train passa
en criant : All aboard !… All aboard ! À l’avant,
l’énorme locomotive
pouffait et laissait échapper de ses flancs des jets
de vapeur sifflante, concentrant ses forces pour s’élancer
à toute vitesse sur les rails mesurant l’espace
immense parcourir. Paul Mirot eut une minute
d’hésitation, puis, abandonnant son sac de voyage au
nègre qui l’invitait à monter, il s’élança sur le marche-pied,
le cœur gros, une larme au coin de la paupière.
Il était temps, le train se mit aussitôt en
mouvement.
Par la fenêtre près de laquelle il s’était assis, le jeune homme s’emplit les yeux de toutes ces choses du pays qui défilaient rapidement au passage du train, comme des images cinématographiques sur une toile. À cette heure, tout lui paraissait splendide, même les vilaines constructions enfumées longeant la voie. Devant les gares de Saint-Henri et de la Pointe Saint-Charles, le train passa à toute vitesse, pour s’engager ensuite sur le pont Victoria. Que l’immense Saint-Laurent était majestueux et calme par ce beau soir d’été ! Sur ses eaux tranquilles on n’apercevait, au loin, que quelques goélettes à voiles blan-