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Page:Billaud - Frissons, 1874.djvu/18

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Resté seul à ta porte et d’audace plein l’âme,
Dans un fiévreux accès j’entrepris de savoir
Ce qu’il y a d’ivresse à surprendre une femme
Qui se croit, à minuit, seule dans son boudoir.


J’aperçus un abri dans les branches des saules :
Tu m’apparus bientôt, et ne soupçonnant rien
Tu mis à nu ton sein et tes blanches épaules,
Je n’ai vu de la vie un pied comme le tien.


Tu dirigeas vers moi, commandant au désir,
Tes yeux aussi profonds qu’un ciel vierge de nues ;
Tes longs cheveux flottants, — je crus m’évanouir —
Ondoyant sur tes reins baisaient tes cuisses nues.


Sans doute, à cet instant, oublieuse maîtresse,
Tu prononçais le nom de l’amant indiscret ;
Peut-être tu disais un hymne de tendresse,
Peut-être tu songeais à mon dernier sonnet.

 
Enfin, c’était à moi, je ne puis que le croire ;
Quel autre, à cette époque, eût occupé ton cœur ?
J’entendis un adieu, ta chambre devint noire,
Déjà tu sommeillais, ivre d’un saint bonheur.