Page:Billaud - Frissons, 1874.djvu/35

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C’est en vain qu’à présent sa poitrine palpite,
Les douceurs de l’amour ne la fécondent plus ;
À suivre le sentier de la vie elle hésite,
Pour cet être abattu le bonheur est un mythe
Envolé de la terre au séjour des élus.


On sent qu’elle maudit, dans un transport sublime,
Le cercle vicieux où se meut l’univers ;
Combinant le réel avec le rêve intime,
Dans l’avenir confus elle creuse un abîme
Où va la bousculer l’ouragan des hivers.


Elle est abandonnée, et pourtant elle est belle ;
Que de pensers promet son front vaste et fiévreux !…
Son œil profond est pur comme l’eau qui ruisselle,
Délicate à l’excès, comme une tourterelle
Elle doit roucouler des hymnes amoureux.


L’édredon se dessine en contours admirables
Et semble frissonner aux approches des seins,
Je crois bien que jamais formes plus adorables
Ne durent inspirer caresses plus aimables
À l’hymen ingénu dans ses premiers desseins.