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Page:Billaud - Frissons, 1874.djvu/36

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Je la vois un beau jour, candide promeneuse,
Au soleil printanier courir dans les lilas :
Je la vois une nuit, enivrante dormeuse,
Dans un songe d’azur, poétique charmeuse,
Sourire à l’homme aimé qu’elle aurait dans les bras.


Grand Dieu ! mais si j’étais l’époux de cette femme,
S’il m’était accordé de baiser son cou nu,
Si ma voix fortunée un seul jour à son âme
Avait dit ce serment dont la majesté pâme :
Je brûlerais sans trêve un encens inconnu.


Je serais sur un trône en demeurant l’esclave
D’un ange qui devrait commander aux faveurs,
Et puis, aux doux baisers de sa lèvre suave,
Je dirais des accords, harmonieuse octave,
Dont le sujet immense absorberait nos cœurs.


Et la pleureuse pâle aujourd’hui qui blasphème,
N’évoquerait les ans que pour tous les bénir,
Heureuse, entre mes bras, elle dirait : « Je t’aime »
Ces deux mots qui seront un éternel poëme,
Parce qu’ils ont en eux les fruits de l’avenir.