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Page:Bird - Voyage d’une femme aux Montagnes Rocheuses, 1888.pdf/104

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VOYAGE D′UNE FEMME

s’accrochaient des pins, gravi une colline escarpée revêtue de sapins, et sommes descendus jusqu’à une petite vallée où abondait une herbe superbe et qu’entourent de grandes montagnes, dont le vallon le plus profond contient un lac couvert de nénufars, qui porte le nom de ces fleurs. Quelle beauté magique dans son repos silencieux, alors que les pins sombres se miraient immobiles dans son or pâle et que les grandes coupes blanches des nénufars et leurs feuilles d’un vert foncé reposaient sur son eau couleur d’améthyste !

À partir de là, nous sommes montés dans la teinte pourprée des grandes forêts de pins qui couvrent les flancs des montagnes jusqu’à une hauteur d’environ 11 000 pieds. De leurs profondeurs solitaires et glacées, nous apercevions de temps à autre l’atmosphère dorée et la lueur rose des sommets, non du « pays très-lointain », mais du pays rapproché maintenant, dans toute sa grandeur. Nous apercevions aussi, à travers la perspective brisée des gorges de pourpre, les plaines sans limites, idéalisées par les derniers rayons du couchant, qui donnaient à leur étendue sombre et calcinée l’apparence d’une mer roulant à l’infini, au coucher du soleil, ses vagues d’or vaporeux.

Plus haut encore, nous gravissons dans l’obscurité un sentier escarpé tracé à travers la forêt. Je concentrais toutes mes facultés pour ne point être arrachée de dessus mon cheval par les branches recourbées, ou pour empêcher les couvertures d’être déchirées, comme l’étaient celles de mes Compagnons, par les bois morts et pointus entre lesquels il était difficile de passer, Les chevaux étaient hors d’haleine et voulaient constam-