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Page:Bird - Voyage d’une femme aux Montagnes Rocheuses, 1888.pdf/109

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VOYAGE D′UNE FEMME AUX MONTAGNES ROCHEUSES

d’abord à une raie éblouissante qui grossit rapidement pour former une étincelante sphère, le soleil s’est avancé au-dessus de la ligne grise, gloire et lumière comme lorsqu’il fut créé. Involontairement, Jim ôta respectueusement son chapeau et s’écria : « Je crois qu’il y à un Dieu. » Il me sembla que j’aurais dû adorer comme adorent les Parsis. Le gris des plaines devint pourpre ; le ciel avait un éclat rouge rosé sur lequel reposaient des bandes vermillon. Les pics effrayants brillaient comme des rubis, la terre et les cieux semblaient être nouvellement créés. Assurément, « le Très-Haut n’habite pas les temples faits de la main des hommes ». Pendant une heure entière, les plaines semblaient être l’Océan et au delà des espaces illimités de pourpre, où se révélaient des falaises, des rochers et des promontoires. À sept heures, nous avions fini de déjeuner et montions vers des solitudes plus effrayantes ; moi toujours à cheval, jusqu’à l’endroit que, à tort ou à raison, on appelle les « lits de lave », étendue de grands et petits galets aux crevasses remplies de neige. Il faisait très-froid. Nous traversîmes une eau assez gelée pour supporter le poids du cheval. Jim m’avait conseillé de ne pas prendre de pardessus, et mon mince costume de cheval, bon seulement pour les Tropiques, était traversé par l’air vif. L’atmosphère raréfiée commença bientôt à gêner la respiration, et je m′aperçus que les bottes d’Evans étaient si grandes que je n’avais pas de point d’appui. Heureusement, avant qu’eût commencé la difficulté réelle de l’ascension, nous avons trouvé sous un rocher une paire de petits souliers de caoutchouc, oubliés probablement par l’expédition