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Page:Bird - Voyage d’une femme aux Montagnes Rocheuses, 1888.pdf/110

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VOYAGE D′UNE FEMME

d’exploration d’Hayden ; ils ont duré tout juste un jour. Comme nous sautions de rocher en rocher, Jim me dit : « Je pensais, cette nuit, que vous voyagiez seule, et je me demandais où vous portiez votre « derringer » car je n’ai pu l’apercevoir. » Il pouvait à peine croire que je voyageasse sans armes et me conjura de prendre tout de suite un revolver. En arrivant au « Notch », vraie porte de rochers, nous nous sommes trouvés tout à fait sur le sommet ou l’épine dorsale en lame de couteau du pic de Long, qui n’a que quelques pieds. de large et est recouvert de fragments et de galets d’une dimension colossale ; de l’autre côté, il descend. à pic, par une pente de 3 000 pieds plaquée de neige, jusqu’à un creux pittoresque qui renferme un lac d’une eau verte et pure. Plus loin, d’autres lacs se cachaient parmi d’épaisses forêts de pins, tandis qu’à peu de distance au-dessus de nous s’élevait le pic, masse d’une hauteur de 500 pieds ; pile de granit lisse et dépouillé, paraissant inaccessible. Après avoir traversé le Notch, nous considérions le côté presque inabordable du pic, composé de débris de toutes formes et de toutes dimensions, à travers lesquels surgissaient des piliers de granit rougeâtre qui semblaient soutenir la masse imposante des rochers supérieurs. Habituellement, je n’aime pas les vues à vol d’oiseau et les panoramas, mais ici ce n’était point le cas. Des cimes dentelées, à peine moins hautes que… celle sur laquelle nous étions, s’élevaient l’une derrière l’autre, aussi loin que pouvaient se porter les regards dans l’atmosphère pure. Coupées de précipices effrayants aux profondeurs de glaces et de neige, elles