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Page:Bird - Voyage d’une femme aux Montagnes Rocheuses, 1888.pdf/118

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VOYAGE D ′UNE FEMME

Par trois fois, un reflet apparent trompa même l’œil exercé de l’homme des montagnes, mais nous ne trouvions là qu’un pied de glace éblouissante. Enfin, il réussit à casser de la glace dans un creux profond où, en enfonçant le bras, on pouvait recueillir un peu d’eau, mais c’était cruellement insuffisant. Avec une grande difficulté et beaucoup d’aide, je retraversai les lits de Lave. On me porta jusqu’à mon cheval, on me mit dessus, et quand nous eûmes atteint le campement, on m’enleva et m’étendit par terre, enveloppée dans des couvertures ; conclusion humiliante d’un grand exploit Les chevaux étaient sellés et prêts à partir, mais Jim dit tranquillement : « Maintenant, gentlemen, j’ai besoin de repos, et nous ne bougerons point d’ici ce soir. » Je crois qu’ils n’en furent pas fâchés, car l’un d’eux n’en pouvait plus. Je me retirai dans mon abri, m’enveloppai d’un rouleau de couvertures et m’endormis promptement. Quand je me réveillai, la lune brillait à travers les branches argentées, blanchissant le pic dénudé et scintillant sur le grand abîme de neige derrière nous ; les troncs de pins flamboyaient comme un feu de joie dans l’air calme et froid. J’avais les pieds si gelés que je ne pus me rendormir, et faisant un paquet de couvertures pour m’appuyer le dos, m’enveloppant dans quelques-unes, je m’assis près du feu pendant deux heures. Tout ce qui m’entourait était d’une beauté splendide et magique. Les étudiants dormaient dans leurs couvertures, les pieds tournés vers le foyer. Ring était étendu près de moi, sa belle tête posée sur mon bras. Son maître fumait ; le feu éclairait le beau côté de son visage, et sauf le son de nos voix et le craquement