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Page:Bird - Voyage d’une femme aux Montagnes Rocheuses, 1888.pdf/117

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AUX MONTAGNES ROCHEUSES

jeunes gens ont pris un chemin plus escarpé, mais plus direct que le Notch, dans l’intention de se préparer pour le retour à la maison, et Jim me conduisit par une route qu’il croyait être plus sûre pour moi. C’était une descente de 2,000 pieds sur des galets, puis une effroyable ascension au Notch. Je fis plusieurs chutes, et ma blouse s’étant accrochée à un rocher, je restai suspendue ; Jim la coupa avec son couteau de chasse et je tombai dans une crevasse pleine de neige molle. Les étendues de glace que nous ne pouvions franchir nous forcèrent à descendre dans les montagnes plus bas qu’il n’en avait eu l’intention, et lorsqu’il fallut remonter, ce fut terrible. Pendant les 200  pieds qui restaient à gravir, les galets étaient d’une grosseur énorme et la pente effrayante. Tantôt je me traînais sur les genoux et les mains et tantôt je rampais ; Jim me tirait par les bras ou par un lasso, ou bien je montais sur ses épaules : parfois il me faisait des échelons avec ses pieds et ses mains : mais à six heures nous étions au Notch, dans la splendeur du soleil couchant ; tout péril avait disparu.

En se séparant des étudiants, Jim s’était départi de sa brusquerie ; et il fut doux et attentif au delà de toute expression, bien qu’il dût être fort désappointé à l’égard de ma force et de mon courage. Nous désirions ardemment avoir de l’eau. Ma langue remuait dans ma bouche, et je pouvais à peine articuler. Au point de vue de la pitié pour autrui, il est bon d’avoir souffert de la soif. Il y avait, en vérité,

De l’eau, de l’eau partout,
Mais pas une goutte à boire.