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Page:Bird - Voyage d’une femme aux Montagnes Rocheuses, 1888.pdf/135

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AUX MONTAGNES ROCHEUSES

animal, à peu près de la taille et de la grosseur d’un renard, avec de beaux poils noirs et deux bandes blanches de la tête à la queue, qui est longue et touffue. Les griffes des pattes de devant sont grandes et polies. Hier, on en a tué un qui sortait de la laiterie. Plunk, le grand chien, l’a touché et il a fallu l’exiler. L’un des hommes a vaillamment emporté le corps avec une grande fourche jusqu’à un cours d’eau vive, mais nous étions presque suffoqués par l’odeur qui s’exhalait de l’endroit où il est tombé. Quant à mon skunk, j’espère qu’il aura l’esprit en repos aussi longtemps que nous serons proches voisins.

3 octobre.

Cet endroit est assurément l’un des plus enchanteurs qu’il y ait sur la terre. Que ne puis-je peindre avec une plume ou un pinceau ! De mon lit, je vois le lac aux premières lueurs de l’aurore. Alors que les objets sont à peine visibles, il s’étend absolument calme, d’une couleur de minium purpurine. Soudain, les pics renversés brillent dans son miroir : orangés d’abord, puis rouges et faisant paraître l’aurore plus sombre ; chaque matin c’est une vue nouvelle ; dès que les pics pâlissent, et lorsque l’aube ne s’étend plus sur les montagnes, les pins se réfléchissent dans mon lac avec l’aspect d’objets solides, et la gloire descend des hauteurs. Une lueur rouge réchauffe l’atmosphère transparente du parc ; le givre étincelle, et les geais bleus huppés s’avancent délicatement sur l’herbe diamantée. Cette beauté et cette majesté me pénètrent de plus en plus. Tout à l’heure, comme je venais de ma