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Page:Bird - Voyage d’une femme aux Montagnes Rocheuses, 1888.pdf/134

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VOYAGE D′UNE FEMME

et, juste au moment où je pensai que le parquet était devenu assez mince pour permettre le passage, le bruit cessa brusquement et je me rendormis. Le matin, mes cheveux, qui auraient dû être blancs, n’avaient pas changé de couleur. À sept heures, j’étais habillée pour le déjeuner, et arrivée à la grande cabin, je racontai mon histoire. Évans rit de bon cœur, Edwards fit une grimace. Ils me racontèrent qu’il y avait sous ma hutte le terrier d’un skunk, et qu’ils n’osaient pas essayer de le déloger, dans la crainte de rendre la cabin inhabitable. Depuis, ils ont tenté de le prendre au piège, mais sans succès, et toutes les nuits, les exercices bruyants recommencent. Je crois qu’il aiguise ses griffes sur le côté extérieur du parquet, comme les ours le font sur les arbres. L’odeur au moyen de laquelle cette bête, bien nommée méphitis, peut repousser ses agresseurs est effroyable. Nous avons été chassés de la cabin pendant plusieurs heures, parce que l’un de ces animaux avait simplement traversé le corral. Dans son voisinage, l’homme le plus brave devient poltron. Les chiens frottent leur nez par terre jusqu’à le faire saigner quand ils ont touché le fluide, et même meurent des vomissements produits par les effluves. On sent cette odeur à un mille de distance, et si les vêtements sont atteints par le liquide, il faut les détruire. La fourrure du skunk est très-estimée. On a tué plusieurs de ces animaux depuis que je suis ici ; un coup bien dirigé sur leur épine dorsale vous met à l’abri du fluide, et un chien dressé à cet effet peut, en sautant sur la bête, la tuer sans s’exposer au danger. C’est un bel