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Page:Bird - Voyage d’une femme aux Montagnes Rocheuses, 1888.pdf/138

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VOYAGE D′UNE FEMME

pour voir s’il arrive. Mes compagnons sont presque aussi anxieux. Lorsque la nuit est venue, chaque bruit nous fait tressaillir, et toutes les fois que les chiens aboient, tout ce qu’il y a de valide se lève en masse. « Attendre le chariot » est devenu une plaisanterie à rendre fou.

7 octobre.

Tout le monde est pris de la fièvre des lettres et des journaux. À la fin, nous avons envoyé quelqu’un à Longmount. Ce soir, à la brune, escortée par Mountain Jim, je suis allée sur la route, et nous avons aperçu dans le lointain un chariot à quatre chevaux, et derrière, un cheval de selle ; le conducteur agitait son mouchoir, signal convenu (si j’étais possesseur d’un cheval). Nous avons redescendu la longue colline au galop, aussi vite que pouvaient nous porter deux bons chevaux, pour annoncer l’heureuse nouvelle. Une heure s’écoula avant l’arrivée du chariot. Il n’amenait point Evans, mais deux hommes à l’aspect douteux qui ont établi leur camp près de ma cabin ! Vous ne pouvez vous imaginer ce que c’est que d’être enfermée entre ces murailles de montagnes, et de ne pas savoir où sont vos lettres. Plus tard, M. Buchan, l’un des hôtes habituels, est revenu de Denver avec des journaux et des lettres pour tout le monde, excepté pour moi ; il rapportait aussi des nouvelles très-émouvantes. La panique financière a gagné l’Ouest et s’est accrue en route. Toutes les banques de Denver ont suspendu leurs affaires ; elles refusent de payer leurs propres chèques et ne per-