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Page:Bird - Voyage d’une femme aux Montagnes Rocheuses, 1888.pdf/139

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AUX MONTAGNES ROCHEUSES

mettent pas à leurs clients d’en tirer un dollar. Elles ne donneraient même pas d’obligations des États pour mon or anglais ! Ni Buchan, ni Evans n’ont pu avoir un sou. Dans ce moment, les riches mêmes sont pauvres. Les Indiens ont « pris le sentier de la guerre », brûlent les ranchos et tuent le bétail. Il y a une véritable alarme parmi les settlers ; des chariots chargés de fugitifs arrivent aux sources du Colorado. Les Indiens disent : « L’homme blanc a tué les buffalos ; il les a laissés pourrir dans la plaine, nous nous vengerons. » Evans est aussi à Longmount, il sera ici ce soir.

10 octobre.

« Nous attendons toujours le chariot. » Il y a eu la nuit dernière un ouragan de vent et de grêle ; il était onze heures que je n’avais encore pu arriver à ma cabin. Je n’ai pu y parvenir qu’aidée de deux hommes. La lune n’était pas levée, et au-dessus de nos têtes le ciel était noir de nuages, quand soudain le pic de Long, caché jusque-là, brilla au-dessus des montagnes sombres, étincelant d’une neige nouvellement tombée, sur laquelle brillait une lune invisible ici. Le soir précédent, après le coucher du soleil, j’avais vu un autre et nouvel effet. Au crépuscule, mon lac était devenu d’un orangé brillant et réfléchissait dans son miroir paisible les montagnes d’un beau bleu foncé. C’est un monde de merveilles. Nous avons eu aujourd’hui une grande tempête avec des rafales de neige fine, et lorsqu’à midi les nuages se sont élevés, la Snowy Range et les plus hautes montagnes étaient d’une blancheur