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Page:Bird - Voyage d’une femme aux Montagnes Rocheuses, 1888.pdf/149

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AUX MONTAGNES ROCHEUSES

ces vagues d’animaux : des taureaux énormes, taillés comme des buffalos, mugissaient et beuglaient, et, ainsi que les grands bœufs et les vaches avec leurs veaux d’un an, galopaient comme des chevaux de course. Nous galopions à côté d’eux ; en peu de temps nous leur tenions tête et, avec la rapidité de l’éclair, nous nous placions en sentinelles en travers de l’entrée de la vallée. Nous étions comme l’infanterie attendant le choc de la cavalerie et restions aussi tranquilles que le permettaient nos chevaux nerveux. Je tremblais presque quand le flot s’avança ; mais, lorsqu’il fut plus près de nous, mes camarades poussèrent des cris effroyables, et nous nous lançâmes en avant avec les chiens. Avec des mugissements, des beuglements et un tonnerre de sabots, le troupeau recula comme il était venu. J’allai vers notre chef, qui me reçut en riant, me dit que j’étais un bon conducteur de bétail et qu’il avait oublié qu’une femme était de la partie, jusqu’au moment où il m’avait vue sauter par-dessus les troncs d’arbres et chasser avec les autres.

Ce ne fut qu’au bout de deux heures que commença la véritable affaire de la chasse, et je fus obligée de changer mon pur sang contre un cheval habitué au bétail, — un bronco qui doublait comme un lièvre et allait partout. Je ne m’attendais point à faire le métier de vachero, mais il en était ainsi, et mon expérience hawaïenne me fut très-utile. Nous avons parcouru les différents canyons et campements connus en chassant les troupeaux, jusqu’à ce que huit cent cinquante bêtes aient été mises en sûreté dans le corral, ce qui nous prit plusieurs heures, pendant lesquelles nous nous