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Page:Bird - Voyage d’une femme aux Montagnes Rocheuses, 1888.pdf/154

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VOYAGE D′UNE FEMME

objets, entre autres une photographie d’un grand prix, sont perdus. Quelques heures plus tard, on retrouva mon cahier sous trois pieds de neige.

Il y a près de la maison des traces d’ours et d’élans, mais personne ne peut chasser avec un coup de vent pareil, et le tourbillon vous aveugle. Nous étions un peu serrés dans notre seule pièce ; on a eu recours aux échecs, à la musique et au whist. Par ennui, un chasseur s’est dévoué à empêcher mon encre de geler. Nous avions tous de grands manteaux et des pardessus, et entretenions un feu énorme. L’isolement est extrême, car nous sommes littéralement sous la neige, et l’autre settler et Mountain Jim sont à Denver. Tard dans la soirée, la tempête a cessé. Dans quelques endroits, le sol ne présente pas trace de neige, tandis que dans d’autres toutes les irrégularités de terrain sont nivelées, et les amoncellements ont une profondeur de quarante pieds. La nature est belle sous ce nouvel aspect, le froid terrible ; si l’on s’y exposait avec ce grand vent et le mercure à zéro, on serait tout écorché.

19 octobre.

Evans m’offre six dollars par semaine si je consens à rester pendant l’hiver et à faire la cuisine en l’absence de Mrs Edwards ! Je crois que j’aimerais à jouer le rôle de servante s’il n’y avait pas à faire le pain. Mais il me conviendrait mieux de courir à cheval après le bétail. Les hommes n’aiment pas à faire eux-mêmes les choses du ménage ; hier, ils ont lavé et repassé leur linge, et cette dernière opération a été loin d’être faite convenablement. Je crois réellement (quoique pour la