Aller au contenu

Page:Bird - Voyage d’une femme aux Montagnes Rocheuses, 1888.pdf/163

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
155
AUX MONTAGNES ROCHEUSES

vernes, et que les settlers ont l’habitude de recevoir les voyageurs en leur faisant payer le prix habituel des hôtels. C’est un arrangement très-satisfaisant. Cependant à Ranch, le premier endroit où je m’arrêtai, l’hôte n’avait point envie de recevoir du monde de cette manière ; je ne m’en aperçus qu’après, sans quoi je n’aurais pas présenté mes lettres de créance dans une grande maison avec de belles granges et un air de prospérité générale. L’hôte qui m’avait ouvert la porte avait l’air de vouloir me renvoyer ; mais sa femme, personne très-agréable, à l’aspect distingué, dit qu’on pouvait me faire un lit sur un sofa. Je n’avais pas encore rencontré de maison ayant autant de prétention ; elle était tendue de papier, il y avait des tapis et deux jeunes servantes. J’y trouvai une dame de Laramie, femme élégante, très-grande, remarquable comme étant la première à s’être établie dans les montagnes Rocheuses. Elle m’offrit aimablement de me recevoir dans sa chambre. Elle avait essayé de la cure de campement pendant trois mois et retournait alors chez elle. Son chariot contenait des lits, une tente, un parquet tendu, un fourneau de cuisine ; enfin tout le luxe du campement, plus un petit buggy, un homme pour tout diriger et une servante accomplie. Elle était phtisique, frêle, mais très-attachante, et l’histoire des dangers et des circonstances de sa vie de jeunesse au fort Laramie était très-intéressante. J’en avais cependant assez, étant arrivée de bonne heure dans l’après-midi, et je ne pouvais, par politesse, me retirer pour vous écrire. Les domestiques prennent leur repas avec la famille. Je decouvris bientôt qu’il y avait quelque chose de louche