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VOYAGE D′UNE FEMME

rivai à une élégante maison qui appartient à M. Perry, un millionnaire, pour lequel j’avais une lettre d’introduction que je n’hésitai pas à présenter ; car, même sans cela, il faisait un temps par lequel un voyageur pouvait demander abri.

M. Perry n’était pas là ; mais sa fille, jeune personne à l’air épanoui, élégamment vêtue, m’invita à dîner et à rester. Il y avait sur la table un ragoût de venaison et des friandises variées, le tout bon et délicat ; nous étions servies par une adroite femme de couleur, l’une des cinq fidèles domestiques nègres qui étaient leurs esclaves avant la guerre. Après le dîner, quoique la neige tombât lentement, un cousin m’emmena faire une promenade à cheval, pour me montrer les beautés de « Pleasant Park », qui est au nombre des splendides paysages du Colorado et d’un accès très-facile par un temps favorable. C’était superbe lorsque nous y entrâmes par une passe étroite, que semblent garder deux buttes, ou hautes masses de rochers d’un rouge vif, de 300 pieds environ. Les pins étaient très-grands, et les étroits canyons qui descendaient vers le parc, d’une sombre magnificence. Ce parc est remarquable aussi par une quantité de rochers énormes, de 50 à 300 pieds de haut, aux tons vermillon éclatant, verts, chamois, orangés ; quelquefois, ces couleurs se trouvent toutes réunies, leurs teintes gaies contrastant avec la neige lugubre et les pins sombres.

Bear Canyon, gorge d’une majesté singulière, descend sur le parc. À ses pieds, nous avons traversé le Bear Creek sur la glace ; elle se brisa, et nos deux chevaux entrèrent dans une eau assez profonde et très-