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Page:Bird - Voyage d’une femme aux Montagnes Rocheuses, 1888.pdf/208

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VOYAGE D′UNE FEMME

histoires de cette sorte d’ « adresse » sont racontées avec admiration, autour de chaque foyer [1].

Je quittai la vallée des Daims à dix heures, le lendemain matin, par une journée splendide ; l’atmosphère était richement colorée. Après avoir fait douze milles, j’ai été obligée de passer trois heures dans une forge, attendant, assise sur un baril, qu’on eût ferré vingt-quatre bœufs ; j’ai alors continué ma route à travers des rivières et des canyons d’une grande beauté, jusqu’à ce que je fusse arrivée à un magasin d’épicerie où je fus obligée de partager ma chambre avec une famille nombreuse et trois conducteurs ; le rideau de séparation rendait l’air étouffant, aussi me levai-je à quatre heures, avant que personne eût bougé. Je sellai Birdie et m’en allai dans l’obscurité, laissant mon argent sur la table. Il n’y avait jusqu’à Denver qu’une course de dix-huit milles en descendant le canyon de Turkey Creek, où l’on peut admirer plusieurs paysages magnifiques, mais la route monte et se suspend au bord d’un précipice d’une profondeur de six cents pieds ; elle est si étroite que, rencontrant un chariot, je fus obligée de descendre de cheval dans la crainte de me blesser le pied contre les roues. De là, à travers l’ondulation des Foot-Hills et sur les plaines brunes qui s’étendent jusqu’à Denver, la vue était merveilleuse. Pas un arbre, pas un buisson. Tout s’étendait au loin dans une chaleur et une sécheresse d’été, tandis que

  1. Mai 1878. Je copie ceci à San-Francisco, et c’est avec regret que j’insiste avec plus de force encore sur ce que j’ai écrit ci-dessus. Les Américains, les meilleurs et les plus réfléchis, liront ces remarques avec honte et douleur.