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Page:Bird - Voyage d’une femme aux Montagnes Rocheuses, 1888.pdf/210

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VOYAGE D′UNE FEMME

ricains aiment tout spécialement les superlatifs. Ces phrases : « le plus grand du monde », « le plus beau du monde », sont sur toutes les lèvres. Mais, à moins que le président Hayes ne soit un homme bien fort, ils pourront bientôt se vanter que leur gouvernement est composé « des plus grands coquins du monde ».

Tandis que j’arrivais à Denver en m’éloignant des montagnes la vue devint splendide, lorsque chaînes sur chaînes couronnées de neige se déployèrent à mes yeux. Je savais que trois de ces pics, étincelants à soixante-dix milles au nord, composaient la beauté sans pareille du pic de Long, le roi des montagnes Rocheuses, et la fièvre des montagnes me reprit avec une telle intensité, que je regrettai chaque heure passée dans les plaines brûlantes et arides. Ces chaînes semblaient plus belles et plus sublimes encore que lorsque pour la première fois je les aperçus de Greeley, spiritualisées dans l’atmosphère merveilleuse. Je me rendis directement à la maison d’Évans, où je trouvai un chaleureux accueil, car on était inquiet de moi. Évans arriva presque en même temps d’Estes-Park, ayant dans son chariot trois élans, un ours gris et un bighorn. En dépit des leçons de l’expérience, lorsqu’on aime un lieu et un genre de vie, on se figure que le lendemain sera semblable à la veille et encore plus charmant ; aussi, pendant tout mon voyage, avais-je songé à retourner à Estes-Park, où je retrouverais tout tel que je l’avais laissé. Évans apportait la fâcheuse nouvelle que notre heureuse société était dispersée. Les Dewys, ainsi que M. Waller, étaient à Denver, et la maison tout en désarroi ; M. et Mrs