Aller au contenu

Page:Bird - Voyage d’une femme aux Montagnes Rocheuses, 1888.pdf/221

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
213
AUX MONTAGNES ROCHEUSES

en redescendant à travers une neige sur laquelle on n’avait jamais posé le pied ; en traversant des nappes de glace dans l’obscurité ; en voyant les flancs de la colline briller comme un firmament d’étoiles dont chacune indiquait la place où un solitaire, dans son trou, creusait pour trouver de l’argent. Cette vue, tant que je pus la contempler, était tout à fait imposante. Il semblait impossible d’arriver à Georgetown sans tomber dans un précipice couvert de glace jusqu’à ses bords ; or, il y en avait beaucoup tout le long de la route. C’est la seule de mes courses dans le Colorado où il m’ait fallu du courage, et ce ne fut que longtemps après la tombée de la nuit que je revins, ayant accompli mon exploit.

Le matin suivant à huit heures, et par un froid splendide, je partis dans la voiture d’Idaho. Dans cet air sec il fait tout à fait chaud, s’il n’y a que quelques degrés de gelée. À cette époque, le soleil ne se lève point à Georgetown avant onze heures ; je crains qu’en hiver il ne se lève pas du tout. Après avoir été effroyablement secoués pendant quatre heures, le wagon de bagages nous reçut de nouveau ; mais, cette fois-ci, le conducteur, supposant que je voyageais pour voir le pays, me donna sa chaise et la plaça sur la plateforme, de sorte que je vis parfaitement ce canyon, qui est vraiment sublime. Je dînai par économie dans un restaurant de Golden City, et à trois heures je remontais sur ma fidèle Birdie, avec l’intention d’arriver ici ce soir.

Il m’arriva une aventure presque trop niaise pour être racontée. Je quittai la ville par une brillante après-