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Page:Bird - Voyage d’une femme aux Montagnes Rocheuses, 1888.pdf/222

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VOYAGE D′UNE FEMME

midi d’été, pas trop chaude. À l’écurie, on n’avait pu me donner aucun renseignement, et l’on m’avait dit de m’en aller par le chemin de Denver, jusqu’à ce que je rencontrasse quelqu’un pour m’indiquer une route, ce qui, tout d’abord, m’induisit en erreur. Après avoir fait environ deux milles, je vis un homme qui m’assura que je me trompais tout à fait et me fit prendre à travers la prairie, que je suivis jusqu’à ce que j’eusse rencontré un autre voyageur. Celui-ci me donna tant d’indications, que je les oubliai et me perdis complétement. Sur la vaste plaine le crépuscule était merveilleux. Il faisait déjà sombre, lorsque je joignis un conducteur, lequel m’apprit que j’étais plus loin de Boulder que lorsque j’avais quitté Golden, et me dirigea vers une maison éloignée de sept milles. Il pensait, je suppose, que je saurais me reconnaître dans ses indications, car il me dit de traverser la prairie jusqu’à un endroit où l’on voyait trois chemins, et de prendre le mieux frayé, en me réglant tout le temps sur l’étoile polaire. J’arrivai bien aux chemins, mais il faisait alors si sombre que je n’apercevais même plus les oreilles de Birdie ; j’étais perdue et plongée dans les ténèbres. Je marchai pendant des heures dans la nuit et la solitude. La prairie m’environnait, et j’avais au-dessus de ma tête un firmament de froides étoiles. Le loup des prairies hurlait de temps à autre, et parfois le mugissement du bétail me faisait espérer un voisinage humain. Mais il n’y avait rien que la plaine déserte et solitaire. Vous ne pouvez vous imaginer l’ardent désir que j’avais de voir une lumière et d’entendre une voix, ni l’étrange sensation de mon isole-