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Page:Bird - Voyage d’une femme aux Montagnes Rocheuses, 1888.pdf/246

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LETTRE XV


Un esclave du whisky. — Les plaisirs d’une vie monotone. — Le lion de montagne. — « Une bouche de plus à nourrir. » — Un ennuyeux garçon. — Un réprouvé. — Le jour d’actions de grâces. — Le nouveau venu. — Un blagueur littéraire. — La pêche des truites. — Tempête de neige. — L′antre d’un desperado.


Estes-Park, dimanche.


Un trappeur, de passage la nuit dernière, nous a apporté la nouvelle que M. Nugent est malade ; de sorte que, ayant lavé la vaisselle après notre déjeuner tardif, je montai à cheval pour me rendre à sa cabin : je le rencontrai descendant le ravin pour nous venir voir. Il me dit qu’il avait pris froid dans la « Range », et souffrait d’une ancienne blessure de flèche au poumon. Nous avons eu une longue conversation sans faire allusion à la première, et il m’a raconté quelques-unes des circonstances actuelles de sa vie ruinée. Il est pitoyable qu’un homme comme lui, dans la force de l’âge, soit privé de foyer, d’amour, et mène dans un repaire une vie de ténèbres, sans autres compagnons que des souvenirs coupables et un chien, que beaucoup de personnes pensent être le meilleur des deux. Je l’ai supplié de renoncer au whisky, qui maintenant est sa perte ; sa réponse avait un triste accent