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Page:Bird - Voyage d’une femme aux Montagnes Rocheuses, 1888.pdf/249

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AUX MONTAGNES ROCHEUSES

en retard, et de trouver Kavan faisant cuire la venaison sur le fourneau ; moi, lavant la vaisselle du souper, et Buchan l’essuyant ; ou bien les deux hommes occupés à faire la cuisine, tandis que je balaye le parquet. La nourriture est un grand sujet d’intérêt pour nous qui sommes affamés, depuis que nous ne faisons que deux repas par jour. Vers le coucher du soleil, chacun s’en va faire sa corvée. Buchan fend le bois, Kavan tire l’eau, moi je lave les pots à lait et conduis les chevaux à l’abreuvoir. Samedi, mes compagnons ont tué un daim qu’ils sont allés chercher aujourd’hui, mais ils n’ont plus trouvé que les jambes de derrière ; en suivant une piste qu’ils croyaient devoir les conduire à l′antre de quelque bête sauvage, ils sont tombés sur un grand lion de montagne, qui s’est sauvé avant qu’ils fussent suffisamment revenus de leur surprise pour tirer sur lui. Ces lions, qui ne sont, en réalité, qu’une espèce de puma, sont aussi sanguinaires que lâches. Dernièrement, l’un d’eux est entré dans un parc à moutons du canyon de la Saint-Vrain ; il a égorgé trente de ces malheureux animaux et a sucé leur sang.

Novembre ?

Journée de petits événements et de beaucoup de travail. J’avais tant à faire, que de dix heures et demie à une heure et demie je ne me suis point assise une seule fois. J’ai lavé le peu de linge que je possède, et quoique je ne le repasse jamais, j’aime qu’il soit aussi blanc que la neige. Je l’avais donc étendu sur une corde, lorsque des rafales furieuses, contre lesquelles je ne pouvais lutter, descendirent du pic de Long, et