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Page:Bird - Voyage d’une femme aux Montagnes Rocheuses, 1888.pdf/248

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Afin qu’aujourd’hui ressemble autant que possible à un dimanche, nous avons fait beaucoup de musique sacrée. La douce mélancolie de cette solitude d’hiver est très-fascinante. Comme les feux ambrés des froides aurores sont magnifiques ; avec quelle splendeur les nuages cramoisis descendent à la nuit sur le sommet des montagnes, et se réfléchissent sur la surface immaculée de la neige ! La porte de cette chambre donne droit au nord, et pendant que j’écris l’étoile polaire scintille, tandis que le froid croissant de la lune se suspend au-dessus du pic de Long.

Estes-Park, Colorado, novembre.

Nous avons perdu la notion du temps, et convenons seulement que la date est quelque part vers la fin de novembre. Notre vie est devenue sereine, et notre association singulière et forcée très-agréable. N’étaient la courtoisie constante et les égards que me témoignent les jeunes gens, nous vivons ensemble comme trois hommes. Notre travail est réglé comme une horloge ; il ne s’élève de difficultés que lorsque mes compagnons n’aiment point à me laisser faire quelque chose qu’ils trouvent fatigant ou peu convenable, comme de seller un cheval ou d’apporter l’eau. Les jours passent avec rapidité ; aujourd’hui, il était trois heures et demie, et je croyais qu’il n’était pas encore une heure. Cette vie est calme et sans ennuis. Les hommes sont si faciles à vivre ! jamais ils ne font d’embarras, ne grognent point, ne gémissent pas, ne font pas un tourment de tout. Cela vous amuserait d’entrer dans notre misérable petite cuisine avant le déjeuner si honteusement