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Page:Bird - Voyage d’une femme aux Montagnes Rocheuses, 1888.pdf/35

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AUX MONTAGNES ROCHEUSES.

le plus élevé qu’atteigne ce chemin de fer. À l’est de ce point, les eaux tombent dans l’Atlantique. On appelle « traverser les montagnes Rocheuses », l’ascension de ces plateaux qui paraissent de niveau, mais je n’ai rien vu de la chaîne, si ce n’est deux pics surbaissés à l’horizon lointain et semblables à des dents. Il faisait cruellement froid ; quelques personnes croyaient qu’il neigeait, mais je vis seulement rouler des nuages de brouillard. De jeunes garçons circulèrent à travers les wagons pendant toute la matinée, vendant des journaux, des romans, des cactus, du sucre d’orge, des pistaches et des ornements d’ivoire, si bien qu’ayant perdu toute notion des jours, je ne sus que c’était dimanche que lorsque le train s’arrêta à la porte de l’hôtel de ce vilain endroit.

Les plaines qui l’entourent sont infinies et sans verdure. L’herbe rare avait depuis longtemps été changée en foin par les intenses chaleurs de l’été. Ni arbres, ni plantes ; le ciel est gris, la terre jaunâtre, l’air orageux et tout le settlement est couvert de nuages d’une grosse poussière de granit qui balaye la prairie. On décrit Cheyenne comme un endroit « abandonné de Dieu, oublié de Dieu ». Que Dieu y soit oublié, cela est écrit sur la face de Cheyenne, qui doit son existence au chemin de fer ; sa population a diminué, mais c’est le dépôt d’une énorme quantité de choses nécessaires à la vie, distribuées dans les quelques districts établis dans un rayon de 300  milles, par des chariots tirés par quatre ou six chevaux, ou des mules, ou le double de bœufs. Il s’y trouve quelquefois plus de cent chariots ensemble avec deux fois autant de conducteurs. ― C’était, il y