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Page:Bird - Voyage d’une femme aux Montagnes Rocheuses, 1888.pdf/36

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VOYAGE D’UNE FEMME

a peu de temps, un pandémonium achevé, habité principalement par des tapageurs et des bandits, écume d’une civilisation en marche ; les meurtres, les coups de couteau, les coups de fusil et les rixes au pistolet étaient, à cette époque, les événements de chaque instant dans ces repaires de buveurs. Mais dans l’Ouest, lorsque les choses arrivent au pire, on use d’un remède violent et sûr. Les settlers qui trouvent que la situation devient intolérable, s’organisent en comité de surveillance et le « Juge Lynch » paraît sur la scène, avec quelques mètres de corde. La majorité réunit les soutiens de l’ordre ; on envoie aux coupables des avertissements qui portent simplement la grossière esquisse d’un arbre avec un homme pendu, accompagnée de mots semblables à ceux-ci : « Décampez d’ici à six heures du matin, ou… » Une quantité des pires bandits sont jugés d’une façon encore plus sommaire que celle d’une cour martiale tambourinée, garnis d’un collier de chanvre et enterrés ignominieusement. On m’a raconté qu’ici on s’est débarrassé, de cette manière, de cent vingt brigands en une quinzaine. Cheyenne est maintenant aussi sûr qu’Hilo, et l’intervalle entre le dérèglement le plus extrême et le moment où paraît la loi des États-Unis, avec sa corruption et sa faiblesse, est d’un bon ordre et d’une sécurité relatifs. La piété n’est pas le fort de Cheyenne. Les routes y retentissent d’atroces blasphèmes, et le tapage des salles et des bar-rooms, s’il est réprimé, n’est pas anéanti.

La population, qui a été de 6 000 âmes, n’est plus que d’environ 4 000. Cheyenne est un vilain assem-