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Page:Bird - Voyage d’une femme aux Montagnes Rocheuses, 1888.pdf/37

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AUX MONTAGNES ROCHEUSES.

blage de maisons de bois et de cabanes[1] ; de monceaux de décombres et de carcasses de daims et d’antilopes, d’où s’exhalent les odeurs les plus épouvantables que j’aie senties depuis longtemps. Quelques-unes des maisons sont peintes d’un blanc qui nous aveugle ; les autres ne sont pas peintes ; il n’y a ni plantes, ni jardins ; rien de vert ! La ville s’éparpille confusément sur les plaines brunes infinies, à l’extrémité desquelles on voit les trois pics dentelés. Elle est absolument simple et sale, fourmille de gens à la lourde apparence de piliers de taverne et paraît être le séjour d’hommes bas et vils. Sous les fenêtres de l’hôtel, les wagons chargés changent constamment de voie, mais au delà des lignes du chemin de fer, il n’y a que les plaines brunes avec leurs perspectives solitaires. De temps à autre, on aperçoit un cavalier voyageant à l’amble ; tantôt une bande d’Indiens peints ornés de plumes, civilisés au point d’avoir des armes à feu, montés sur de misérables poneys et suivis de leurs squaws empaquetées à califourchon sur les poneys chargés de bagages. Puis un troupeau de bétail à la haute échine, aux longues cornes, qui, depuis plusieurs mois qu’il vient du Texas, pâture en poursuivant sa route, est escorté par quatre ou cinq hommes aux longs éperons, coiffés de chapeaux pointus et vêtus d’habits à capuchon bleu ; ils ont de grandes bottes, sont pesamment armés de revolvers, de fusils à répétition, et montent de petits chevaux nerveux ; un

  1. La découverte de l’or dans les Black Hills lui a donné dernièrement une grande impulsion, et comme c’est le point de départ pour les placers, il augmente en population et en importance. — Juillet 1879.