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Page:Bird - Voyage d’une femme aux Montagnes Rocheuses, 1888.pdf/43

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AUX MONTAGNES ROCHEUSES.

repas et sortirent, « personne ne parlant à personne ». La maîtresse de l’hôtel me présenta à un colon de Vermont qui habite les Foot-Hills ; il fut très-aimable et se donna beaucoup de peine pour me trouver un cheval. Les chevaux abondent, mais ce sont de grands chevaux de trait américains ou de petites bêtes actives qu’on appelle broncos, d’un mot espagnol qui veut dire que l’on ne peut jamais les dompter. Presque tous ruent, et on les dit plus mauvais et plus traîtres que des mules. Il n’y a, à Greeley, qu’un seul cheval sûr pour une femme. J’essayai un poney indien au clair de lune, — et quel clair de lune ! — mais je lui trouvai les jambes faibles. — En fait de salon, il n’y avait que la cuisine ; aussi m’en allai-je promptement me coucher, mais je fus bien vite réveillée par des bêtes grouillantes qui me semblaient être par myriades. Je fis de la lumière et vis de telles multitudes de punaises, que je m’installai comme je pus sur des chaises de bois, où, mal à mon aise, je sommeillai jusqu’au lever du soleil. Les punaises sont un grand fléau du Colorado. Elles sortent de la terre, infestent les cloisons, et la plus grande propreté ne vous en débarrasse pas. Beaucoup de ménagères soigneuses démontent leurs lits toutes les semaines pour y mettre de l’acide carbonique.

La matinée était splendide et fraîche et les grandes chaînes des montagnes Rocheuses étaient magnifiques. J’essayai de nouveau le poney, mais je vis qu’il ne pourrait faire un long voyage, et comme ma connaissance de Vermont m’offrait une place dans son chariot, pour le fort Collins, qui me rapprochait de vingt-cinq