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Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/152

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d’ailleurs, un motif particulier pour désirer que la vie des ministres de Charles X fut épargnée. M. de Polignac, l’avait proscrit ; et, par une ruse légitime de son amour-propre, il voulait se venger de son ennemi en le sauvant.

Ainsi assurée du concours de Dupont (de l’Eure) et de Lafayette, la cour vit approcher avec moins d’effroi le moment fatal. On allait jusqu’à penser qu’il était bon peut-être qu’une occasion fût offerte aux passions populaires de s’épuiser en éclatant. La révolution de juillet avait donné à la multitude un vague besoin d’agitation qui ne pouvait s’éteindre de lui-même. N’était-il pas à craindre que le peuple ne portât son énergie sur des objets plus sérieux, au lieu de la mettre tout entière à demander quatre têtes, vœu sans puissance parce qu’il était sans générosité ?

Pour ce qui est de l’impression que des troubles de cette nature allaient produire en Europe, on pensait, à la cour, que l’essentiel était moins de les prévenir que de les dompter. Plus la sédition serait violente, plus la répression devait être méritoire aux yeux des rois. Car on aurait fait acte de courage, de force. Et, comme on va le voir par la conduite qui fut tenue à l’égard de la Belgique, c’était au désir de se concilier la bienveillance des Anglais que se rapportaient toutes les pensées de la cour.