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Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 4.djvu/149

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tandis que sous l’influence d’un régime de liberté trop absolu, l’Europe en était venue à plier sous le poids d’une population exubérante. L’indication était suffisamment claire, et présentait tous les caractères d’un fait providentiel : nul doute que le vide fait en Orient ne demandât à être comblé par le trop-plein des populations occidentales[1].

Dans cette situation, la France aurait eu devant elle une voie toute tracée, si sa politique n’avait pas été embarrassée et rapetissée par les préoccupations égoïstes d’un intérêt dynastique. Avec l’aide de la Russie, et au moyen de l’Orient partagé, nous pouvions anéantir à jamais les traités de 1815 et refaire la carte géographique de l’Europe.

Mais aux dépens de quelles nations ? La réponse était fournie par notre histoire.

La vieille politique de la France, on le sait, a toujours eu pour but l’abaissement de la maison d’Autriche. Henri IV tomba sous le poignard de Ravaillac, au moment même où il allait se mettre, contre l’Autriche, à la tête de toute l’Allemagne protestante. La guerre de trente ans, soutenue contre Ferdinand II par l’héroïque Gustave-Adolphe appuyé sur l’électeur de Saxe et les luthériens allemands, fut le chef-d’œuvre de la politique de Richelieu. Et Louis XIV essaya de porter le dernier coup

  1. C’est ce qu’a fort bien vu M. te docteur Barrachin qui a vécu en Orient, qui connaît la Turquie, et qui a omis sur la question des idées saines. Malheureusement, M. Barrachin a cru devoir conclure, non pas à une fusion de l’Orient avec l’Occident, mais à une division nouvelle de la Turquie, division purement géographique, qu’il a voulu fonder sur les intérêts combinés de toutes les Puissances, mais qui, selon nous, n’aboutirait qu’à faire prévaloir en Orient l’intérêt exclusif de la Russie.