Page:Blanc - Histoire de la révolution française, 1878, tome 1.djvu/18

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d’une épopée incomparable, j’ai peine, je l’avoue, à commander à mon émotion, et je me sens le cœur plein de respect et d’effroi.

Il faut chercher les causes d’abord, en les prenant aussi haut qu’il est possible d’en suivre la chaîne. Ce serait méconnaître la Révolution, sa portée sublime, que d’en confondre l’explosion et la date. Car enfin, ils ne sauraient être nés de quelques accidents vulgaires, de je ne sais quels modernes embarras, ces événements dont le souvenir palpite encore. Ils résument plusieurs siècles de souffrances, de désastres, d’efforts généreux et de vaillantes colères. Toutes les nations ont contribué à les produire ; toutes y ont leur avenir engagé. Et c’est justement la gloire de ce grand peuple de France d’avoir fait, au prix de son sang versé à flots, la besogne du genre humain ; d’avoir scandalisé l’Europe pour la sauver ; d’avoir défendu à outrance, jusqu’à la mort, la cause de tous les peuples contre tous les peuples : magnanime révolte, vraiment unique, dans laquelle, à travers les âges et d’un cours inévitable, les révoltes du passé sont venues se réunir et se perdre, comme font les fleuves dans la mer.