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Page:Blanc de Saint-Bonnet - La douleur, Maison de la bonne presse, 1911.djvu/100

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veau dans la substance ! Mais ici, à peine sorti du néant, il faut qu’il désire l’être ; à peine en possession de l’être, il faut que l’orgueil ne le consume pas ! Relatif, il se croit absolu ; il faut donc que le premier sentiment de sa vie soit un besoin, que son premier pas soit un acte de dépendance en même temps qu’un effort. De là, la faim, obligeant l’homme à se soumettre pour conserver son existence.

La faim devient la mère du travail. La faim ! avons-nous bien observé cette admirable invention pour un être créé ? La pensée de l’Infini est toute là. Pour celui qui n’eût pas encore ressenti la faim de l’âme, inventer celle du corps, lui en faire la nécessité de chaque jour, l’aiguillon de tous les instants ! Dès lors, l’homme ne cessera d’éprouver le besoin de l’être et ne pourra le satisfaire qu’en employant sans paix ni trêve ses organes et sa volonté.


Comme l’Infini sait bien s’y prendre ! Arrêtons-nous devant cet homme frappant de la pioche ou du marteau depuis le matin jusqu’au soir