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Page:Blanc de Saint-Bonnet - La douleur, Maison de la bonne presse, 1911.djvu/207

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L’Évangile a tenu à nous laisser cette remarque : La première substance du grain doit être comme anéantie pour faire grandir la plante qui portera l’épi. Pour nous, il faut en venir à ce point que tout le créé, tout le sensible, devienne comme rien et fasse place à l’Infini, car tout ce qu’on nous ôte ainsi ajoute à notre gloire. La vie que nous trouvons en naissant n’est-elle pas une vie de péché, une vie empoisonnée ? N’importe-t-il pas que Dieu trouve l’âme toute vide d’elle-même, de ses choix, de ses désirs, de ses forces, de ses inclinations, de toutes ses petitesses ? Alors l’Être divin, apparaissant en elle, inonde ce néant magnifique.

Pour avoir sa valeur dans l’Absolu, il était nécessaire que l’homme fût le fruit de ses œuvres, et, pour qu’il fût le fruit de ses œuvres, il devait concourir à sa raison d’être. L’homme fut créé en puissance, et il fallait bien qu’il fût créé : ce premier point est le levier des efforts ultérieurs. Mais, créé, cela ne venait pas de lui ; alors ne fallait-il pas que ce premier point fût brisé pour que l’homme le refît ? L’artiste brise ainsi la terre qui