Aller au contenu

Page:Blanc de Saint-Bonnet - La douleur, Maison de la bonne presse, 1911.djvu/214

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

au fond, il n’y en a qu’une : celle qui rattache l’homme aux lois ineffables de l’Être qui l’a constitué.

La civilisation antique n’a pas fait ce qu’elle a voulu : elle a pris la nature humaine telle que la Chute l’a laissée. Les hommes ne délibèrent pas sur la société qu’ils auront ; celle-ci se met au niveau de leur état moral. Au sein de la Gentilité, les vices et l’égoïsme étaient dans toute leur puissance. Aussi n’est-ce point parce que l’esclavage subsistait que le travail n’était pas libre ; c’était parce que, en soi, l’homme n’était pas assez libre et refusait de travailler, que l’esclavage subsistait.

C’est ce qui arrive encore de nos jours. Dès qu’on affranchit des esclaves sans préparation, sans qu’ils aient acquis un certain degré de liberté morale, on est forcé de les contraindre même à ramasser la récolte qui doit les nourrir. Ce fait ne cesse de tenir dans l’étonnement ceux qui avaient rêvé avec Rousseau « l’homme né libre » ou l’état de nature.

Partout on voit l’esclave, d’ailleurs si peu au