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Page:Blanc de Saint-Bonnet - La douleur, Maison de la bonne presse, 1911.djvu/221

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tiennent à la fois ses semblables et la nature.

Contrairement à la théorie de Rousseau, mais conformément aux faits, l’homme naît esclave de la nature. Il est exposé à la faim, aux maladies, aux intempéries, à des dangers sans nombre ; il est surtout en proie à la paresse, à tous les appétits ; et partout c’est le produit de la vertu, le travail et le capital sous leurs formes diverses, qui le rend à la liberté. Vouloir l’émanciper par un décret serait vouloir, par un décret, le rendre intelligent, moral, modéré dans ses jouissances. Notre liberté ne vient pas d’autrui, mais d’elle-même. Prétendre la donner serait prouver qu’on ignore à la fois la nature et le but, positivement divins.

Dans l’établissement du Christianisme, l’abolition de l’esclavage fut moins le résultat du capital déjà formé, que du pouvoir moral, alors obtenu pour l’homme, de travailler sans y être contraint. Et ce pouvoir, qui fit tomber les fers de l’esclave, devint lui-même la grande source du capital, qui put permettre alors de se passer de l’esclavage. Le capital, qui n’est qu’un produit épargné,