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Page:Blanc de Saint-Bonnet - La douleur, Maison de la bonne presse, 1911.djvu/222

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découle de deux vertus chrétiennes : le travail et la modération dans les jouissances.

Sans le Christianisme, jamais nous n’aurions eu le spectacle d’une société subsistant sans esclaves. Les plus forts ou les plus heureux continueraient de forcer les autres à les nourrir et à se nourrir eux-mêmes. Le fait se reproduit invariablement partout où le Christianisme n’a pu pénétrer encore.

Évidemment, la civilisation fut retardée par le fait du travail servile. Mais ce n’est point ici la civilisation qui a retardé l’homme ; c’est l’homme qui a retardé la civilisation. Qui empêchait le travail libre de se substituer à l’autre, ou la vertu de remplacer l’oisiveté s’unissant au vice, puis la justice de remplacer l’iniquité ? Qui l’homme peut-il donc accuser, sinon l’homme ?

À coup sûr, la loi du travail, imposée par les commandements de Dieu, n’était pas aussi bien accomplie par le travail servile que par le travail libre. Mais tout imparfait qu’il pouvait être moralement, le travail servile était aussi supérieur à l’absence de travail que le travail libre