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Page:Blanc de Saint-Bonnet - La douleur, Maison de la bonne presse, 1911.djvu/290

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compensation sublime, il était décidé d’adjoindre intimement et corporellement son Fils. Or, les mérites du Fils de l’homme étant d’une valeur infinie, le sacrifice du Calvaire ne pouvait pas se répéter. Il semble en outre que le péché qui donna lieu à la Rédemption n’a pas dû se reproduire sur tous les mondes. Dieu, sans doute, tenait à restreindre à la terre ce résultat de l’arrivée, dans l’existence, du libre arbitre, de l’imparfait et du créé.

Alors, pourquoi parlerions-nous des mérites que peut amasser l’homme pour les verser sur des êtres fixés dans l’innocence, quand les mérites du Fils de l’homme sont infinis ? Quelles races d’âmes pourraient tarir une semblable source, et pourquoi la nôtre irait-elle seule puiser directement dans ce compte ouvert par l’Infini ? Ce n’est donc là qu’une allégation. À moins qu’ici le Créateur n’ait voulu voir briller dans son ouvrage une image de l’unité qui fait resplendir l’Infini de toutes les perfections éternelles. À moins qu’à la requête de l’amour, il n’ait souhaité qu’un même lien de solidarité et de réversibilité[1] embrassât tous les êtres que sa

  1. « La question des souffrances du juste, dit encore M. de Maistre conduit à celles de la Réversibilité, qui est le grand mys-