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Page:Blanc de Saint-Bonnet - La douleur, Maison de la bonne presse, 1911.djvu/95

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Ceux qui n’ont point compris ces choses sentiront leur cœur se troubler, et la logique se briser dans leurs mains. La plainte jaillit naturellement du cœur qui considère la vie au point de vue de cette vie. Mettez-vous à la place de l’homme qui prend cette existence pour une existence réelle ! L’immortelle création pourra-t-elle trouver grâce devant lui ?

Souffrir ! Alors la vie, au lieu de s’enivrer du sentiment de l’existence, s’enfoncerait dans la douleur ? Qu’est-ce donc que la substance, si elle ne s’aperçoit d’elle-même que par le sentiment de ses maux ? Si la douleur résultait de l’être, ou si elle avait échappé à la création, il faudrait nier l’Infini. Si la douleur est un mal, la vie est un mal, la substance un effrayant malheur. Mais l’Infini justifie l’existence, et la légitimité de l’existence établit celle de la douleur.

De cette question dépend alors le problème de l’Infini. Si le mal est le mal, il descendrait de Dieu ; si la mort est une mort, elle entacherait la source des choses. Tout serait à contre-sens dans ce monde. Toi, être spirituel, pourquoi es-tu