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Page:Blanc de Saint-Bonnet - La douleur, Maison de la bonne presse, 1911.djvu/96

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embarrassé d’un corps ? Être libre, pourquoi es-tu contraint d’obéir ? Être immortel, dis-le, pourquoi es-tu condamné à mourir ?

Jeunes, pour vieillir ? être, pour souffrir ? créés, pour mourir ? Mourir ! ce mot n’a point de sens. Finir ? parole stupide, s’écria Gœthe un jour : pourquoi finir ? fini et rien, c’est la même chose. Que signifie la glorieuse création, si ce qui est doit finir ?.....

C’est que ce qui est doit finir pour commencer son immortalité. La volonté ira pliée sous un corps dont chaque jour le poids augmente ; le cœur se verra lié à des êtres qu’à toute heure la mort lui reprend ; l’âme sera plongée dans une vie dont chaque flot est plus amer, marchant ainsi régulièrement jusqu’à la vertu qui contient à la fois l’excellence de la volonté et la beauté du cœur. Le globe même est de tous points conformé pour que l’homme arrive à la patience. Un jour on saura la quantité d’amour et de force que contient la patience. Le temps est un songe où l’homme s’agite jusqu’à ce qu’il y ait pris des forces pour l’Éternité.