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Page:Blanqui - Cours d’économie industrielle 1836-1837.djvu/157

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liorer les communications, c’est aider la liberté ; car la liberté n’existe pas encore, là où les uns vont en palanquin escorté, et où les autres se traînent dans les broussailles. N’est-ce pas au défaut de routes qu’il faut attribuer la barbarie de l’orient, l’ignorance de l’Espagne et les préjugés de notre Bretagne ? Les pays rétrogrades se reconnaissent à leur haine pour les moyens de communication. « Là où le riche et l’homme puissant ne voyagent qu’avec une pompeuse escorte, dit M. Michel Chevallier, tandis que le pauvre, qui va de son village au village voisin, se traîne solitairement au milieu de la boue, des sables et des rochers, le mot d’égalité est un mensonge ; l’aristocratie y crève les yeux. Dans l’Inde et en Chine, dans les pays mahométans l’Espagne à demi arabe et dans son Amérique, peu importe que le pays s’appelle république, empire ou monarchie tempérée, le cultivateur ou l’ouvrier ne peut y être tenté de se croire l’égal du guerrier, du brahmine, du mandarin, du pacha ou du noble, dont le cortège l’éclabousse ou le renverse. Malgré lui, le voyant venir, il s’arrête saisi d’une crainte respectueuse et s’incline servilement à son passage. Au contraire dans la grande Bretagne, en dépit des priviléges magnifiques et de l’opulence des lords, le mécanicien et le laboureur qui peuvent aller au bureau prendre leur ticket pour voyager en chemin de fer, pourvu qu’ils aient quelques schellings dans leur poche, et qui ont le droit en payant d’être assis dans la même voiture, sur la