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Page:Blanqui - Cours d’économie industrielle 1836-1837.djvu/181

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Ce qui vous aura frappés sans doute dans ces chiffres que j’ai puisés aux sources les plus authentiques, c’est le petit nombre d’écoles destinées aux filles. Il semble qu’on ait regardé comme inutile de les instruire ; et cependant ce sont elles qui doivent être un jour les épouses et les mères de nos artisans et de nos cultivateurs. On ne les considère que comme une superfétation, une classe oisive et improductive de la société, et pourtant elles en forment la moitié.

Jusqu’à l’âge de six à sept ans., l’instruction publique ne peut guère atteindre l’enfance : ses facultés sont trop faibles, trop peu développées, une mère seule pourrait les exercer, mais trop souvent leur ignorance ne leur permet pas de le faire ; et ce sont celles-ci qu’on néglige d’instruire. Que voulez vous donc, en effet qu’elles apprennent à leurs enfants ; comment forment-elles leur esprit, et que leur enseigneront-elles ? Sera-ce à se défier de l’erreur, à mépriser les superstitions, les mensonges ? mais elles ne les regardent pas comme tels ; leurs mères les ont bercées avec des histoires de sorciers et de revenants, et elles les répètent à leurs fils ; elles y croient autant et même plus qu’à l’Évangile.

Or, Messieurs, vous le savez, de cette éducation première il reste toujours des traces, l’imagination des enfants, cette cire molle qui prend toutes les formes et reçoit toutes les impressions avec la même facilité, qu’elles soient bonnes ou mauvaises ; l’imagination, cette folle du logis, comme l’appelle l’un de nos plus spirituels écri-