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Page:Blanqui - Cours d’économie industrielle 1836-1837.djvu/224

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ce que l’antiquité nous a légué de plus beau. Quoi de plus audacieux et de plus hardi que la chaussée jetée à travers le marais du Chat jusqu’alors impraticable ? Le pont de Chester est beau, même après le pont du Diable. Mais rien n’égale le pont-aqueduc construit pour supporter le canal d’Ellesmere, au-dessus de la vallée de Llangollen, et connu sous le nom de pont Cysylte. Jusqu’alors on n’avait bâti les ponts aqueducs qu’en maçonnerie : l’ingénieur du canal d’Ellesmere, M. Telford, conçut, en 1795, l’idée d’en construire un en fer. Déjà il avait employé ce métal à Chick, mais seulement pour former le lit du canal, en remplacement de l’enduit terreux dont on se servait alors : encouragé par le succès, il en fit un usage presque exclusif dans le pont Cysylte. Sur 18 piles en brique et deux culées en pierre, M. Telford jeta 19 arches métalliques de la plus grande hardiesse. Le pont s’élève ainsi à une hauteur de 127 pieds au-dessus de la vallée, dans le fond de laquelle passe une rivière torrentueuse. Sa longueur totale est de plus de mille pieds. On ne saurait imaginer rien de plus imposant et de plus gracieux à la fois que ce canal aérien suspendu comme au-dessus d’un abîme, et sur lequel les bateaux les plus pesamment chargés et les chevaux qui servent au hallage passent avec la plus complète sécurité.

Telle est, Messieurs, la profusion avec laquelle les Anglais ont jeté de toutes parts sur leur territoire des voies de communication promptes et faciles ; dernièrement nous avons étudié les