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Page:Blanqui - Cours d’économie industrielle 1836-1837.djvu/386

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l’écho d’un pareil mensonge (Voir Report on state of the silk trade), ils ont prétendu, dis-je, que l’Empereur avait fait expédier un mandat d’arrêt contre Jacquard, et que celui-ci avait été obligé de partir sous la conduite d’un gendarme, et sans même avoir pu rentrer chez lui pour s’y munir des choses nécessaires à son voyage. C’est là, Messieurs, je le répète, une calomnie : l’Empereur savait trop bien le respect qu’on doit au mérite, pour le traiter de cette manière ; ce qui est vrai, c’est qu’il écrivit au préfet de faire venir Jacquard à Paris, et que ce fonctionnaire, animé d’un zèle trop ardent, pressa tellement le départ de notre modeste inventeur, qu’il lui laissa à peine le temps de faire ses dispositions.

Arrivé à Paris, Jacquard fut présenté à l’Empereur, qui l’interpella en lui disant : C’est donc vous qui Iuttez avec le bon Dieu, et prétendez faire des nœuds sur une corde tendue ? Conduit au conservatoire des Arts-et-Métiers, Jacquard fut chargé d’examiner une machine qui avait servi à la fabrication d’étoffes destinées au premier consul. Cette machine, qui avait coûté fort cher, était très-compliquée, et n’avait pas répondu à l’attente de ceux qui l’avaient établie. Après l’avoir étudiée, Jacquard entreprit d’en faire une beaucoup plus simple et qui ne présentât pas les mêmes inconvénients : le résultat de ses essais et de ses travaux fut la construction du fameux métier qui porte son nom.

À Paris, on le félicita, et une pension de 3,000 francs fut la récompense accordée à son talent.