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Page:Blanqui - Cours d’économie industrielle 1836-1837.djvu/387

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Un accueil bien différent l’attendait dans son pays : on voulut le lapider, et son métier fut brisé en place publique par ordre des prud’hommes ; le bois et le fer qui le composaient furent vendus comme matériaux de rebut, et lui-même fut désigné à la vindicte publique comme un objet de haine et de mépris. Ce ne fut que plus tard, et lorsque la concurrence étrangère commença à se faire sentir et à devenir redoutable, que les ingrats Lyonnais revinrent de leur injuste prévention, et adoptèrent enfin le métier inventé par leur habile compatriote, auquel ils dûrent certainement leur supériorité et leur fortune.

Les avantages de sa machine sur celle jusqu’alors en usage sont incalculables, tant sous le rapport de l’humanité que sous celui de l’économie et de la perfection des produits. Le métier Jacquard sert à faire des broderies admirables au lance ; les dessins les plus difficiles et les plus compliqués peuvent être exécutés par les ouvriers les plus ordinaires et les moins expérimentés. Les services que cette machine a rendus peuvent être comparés à ceux de la machine à vapeur et de la Mule-Jenny. Comme celles-ci, elle a opéré une révolution complète dans l’industrie, non seulement dans celle des soies, mais encore dans celle des laines brochées, des toiles damassées, des châles, etc. Le métier Jacquard exécute toute la pensée de l’homme de génie, qui est le dessinateur ; c’est comme la presse d’imprimerie qui traduit sans y changer un mot les plus belles conceptions du savant et du littérateur.