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Page:Blanqui - Cours d’économie industrielle 1836-1837.djvu/46

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mais pas un mécanicien, pas un dessinateur, pas un chimiste. » Et en effet la production des bacheliers-ès-lettres a dépassé la consommation que peuvent en faire l’industrie, le commerce et l’agriculture manquant d’hommes capables. D’un côté, il y a un encombrement désespérant, de l’autre une disette qui ne l’est pas moins. Serait-il donc bien difficile d’être capable de gagner sa vie à 21 ans ? Non sans doute ; avec un peu de travail on se créerait bien des débouchés et bientôt l’on ne manquerait plus d’hommes pour une foule de places importantes, et l’on ne verrait plus des milliers de candidats pour des places d’une utilité problématique. Cette question est une des plus graves que l’on puisse agiter et de laquelle dépend, en quelque sorte, tout l’avenir de notre pays.

Au reste comment pourrait-il en être autrement ? Nous avons en France mille à douze cents industries différentes, et un seul mode d’enseignement invariable pour toute la jeunesse, et encore cet enseignement est-il étranger à ce qui importe le plus à l’industrie. Aussi quand on sort des bancs, on commence pour la première fois son apprentissage aux dépens du maître, qui de son côté ne reçoit qu’aux dures conditions du surnumérariat. Un apprenti peut alors être comparé à un soldat maladroit qu’on ne peut pas mettre encore en campagne.

Ainsi, messieurs, nous aurons à faire en même temps un travail d’observation et un travail d’analyse, afin que-nous puissions nous trouver édifiés sur toutes les circonstances qui peuvent in-