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Page:Blanqui - Cours d’économie industrielle 1836-1837.djvu/485

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et une nouvelle loi avait-elle réformé celles qui, sous le nom de protectrices, avaient été réellement prohibitives ? Non, le gouvernement n’avait rien fait pour les gouvernés, les chambres étaient restées dans l’immobilité et n’avaient pas entendu les réclamations des contribuables ; mais le pays s’était ému, il avait demandé les conseils de la science, il s’était sauvé lui-même.

Une plante potagère, la betterave, étudiée vers la fin du siècle dernier par un savant étranger, Marggraff, avait donné à cet habile chimiste, un sucre cristallisable ; mais les expériences avaient été coûteuses, les méthodes étaient imparfaites, aussi les essais manufacturiers qui suivirent cette découverte ayant présenté des pertes, l’entreprise fut-elle abandonnée.

En 1809, les rigueurs du système continental rendant presque impossible l’approvisionnement des sucres, l’Empereur Napoléon pensa à utiliser la découverte Marggraff ; mais malgré ses encouragemens, les prix de revient étaient encore tellement considérables, que les fabricans les plus habiles vendaient à perte au prix exorbitant de 9 francs le kilog.; aussi, à cette époque, la fabrication du sucre de betteraves semblait-elle destinée à périr le jour où les relations seraient rétablies avec les pays de production du sucre de cannes.

L’événement ne justifia pas ces prévisions ; la concurrence qui résulta, en 1814, de l’introduction des sucres coloniaux fut pour l’industrie sucrière indigène, un stimulant plus puissant que n’avaient été les faveurs et les primes de la