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Page:Blanqui - Cours d’économie industrielle 1836-1837.djvu/495

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Supposons en effet que l’impôt à établir soit de 15 fr., c’est-à-dire, avec le décime de guerre, les frais, avaries, perte de temps pour exercice, etc., 20 fr. par 100 kilog. Croit-on que ce droit qui réduira à 30 fr. la protection actuelle qui est de 50, fera abandonner la production du sucre de betteraves ; on ne le pense pas sans doute, puisqu’on reconnaît (Rapport de M. d’Argout) que l’avenir est pour celui-ci et que les colonies sont destinées à perdre dans un temps plus ou moins éloigné une partie de leur importance. Il arrivera donc que la fabrication indigène aidée des savans et des capitalistes fera chaque jour de nouveaux progrès et arrivera en quelques années à la conquête du marché national ; et que bientôt, au lieu de 40 millions, elle produira 60 puis 80 millions de kilog. de sucre. Le droit n’aura donc pas sauvé les colonies ; il aura fait un mal immense en détruisant les petites fabriques, les exploitations communales, les plus favorables cependant aux progrès de l’agriculture ; quant au trésor ses recettes auront continuellement décrues ; la première année de l’établissement du droit il aura reçu :

Pour 40 millions de kilog des colonies à 49 fr. 50
9,800,000
Pour 40 millions de kilog. de France à 16 fr. 50
6,600,000
––––––––––
Total            16,400,000

Au bout de quelque temps, la consommation n’augmentant pas, parce que les colonies restent maîtresses des prix, le sucre indigène profite des