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Page:Blanqui - Cours d’économie industrielle 1836-1837.djvu/494

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sauver peut-être je dis peut-être, car elles auront bien de la peine à faire disparaître les causes d’infériorité qui résident dans l’éloignement et la mauvaise qualité des terres, si grande en beaucoup de localités, qu’on ne peut pas même employer la charrue. Dans tous les cas, si elles ont raison de demander un dégrèvement sur le droit qui frappe leurs produits à l’entrée en France, elles ne peuvent exiger qu’on reporte cette partie de l’impôt sur le sucre indigène, d’autant plus que cette mesure qui ferait beaucoup de mal en France, ne leur apporterait qu’un soulagement momentané, et ne les empêcherait pas de périr par la révolte et l’usure, si elles n’accomplissaient les réformes que tous les hommes sages leur ont signalées et dont je viens de vous citer les principales.

De tous les intérêts qui ont réclamé contre la liberté dont jouit l’industrie sucrière en France, celui qui y était le moins fondé peut-être, c’est le trésor. Ses représentans de tous grades et de toutes positions, ministres et députés, ont dit en sa faveur, que la production toujours croissante du sucre de betteraves menaçait une branche importante de ses revenus, qu’il serait plutôt nécessaire d’accroître que de diminuer ; qu’une réduction sur le sucre colonial qui rétablirait l’égalité entre celui-ci et le sucre de betteraves rendrait cette perte certaine et sans aucune compensation ; tandis qu’un droit sur le sucre indigène satisferait aux réclamations des colonies, tout en étant profitable au trésor. J’ai dit tout-à-l’heure que ce raisonnement était inexact, je vais essayer de le prouver.